~ DES DÉFINITIONS ~
[...] la notion de pouvoir d’agir ne permet pas de se centrer exclusivement sur les caractéristiques individuelles ou sociales pour évaluer la probabilité ou la possibilité d’un changement. En effet, l’exercice du pouvoir d’agir nécessite la prise en compte systématique et simultanée des conditions environnementales et contextuelles et des caractéristiques des acteurs en relation avec l’exercice de ce pouvoir. En ce sens, la notion de pouvoir d’agir est plus circonscrite que celle d’empowerment, car elle exclut de facto les phénomènes qui font appel à une grille d’analyse strictement psychologique ou sociologique.
[...] le pouvoir d’agir apparaît comme un outil privilégié de changement social. Située à l’interface de la personne et de son environnement, cette forme particulière d’interaction permet aux personnes de rester maîtres des décisions qui les concernent et ainsi de conserver leur
dignité. Elle fait d’eux les porteurs du changement, les promoteurs de leur propre bien-être et de celui de leur communauté. De plus, une telle approche suppose la remise en question de la répartition des ressources et de ses modes d’accès. Elle oblige donc à porter le regard au-delà des seules dimensions individuelles pour aborder directement les dimensions structurelles impliquées dans le vécu des individus.
Le Bossé Yann. Introduction à l'intervention centrée sur le pouvoir d'agir. Cahiers de la recherche en éducation 1998 ; 5(3) : 23 p. En ligne : https://www.erudit.org/fr/revues/cre/1998-v5-n3-cre0697/1017126ar.pdf
Le développement du pouvoir d'agir des personnes visent trois niveaux d'objectifs :
- A l'échelle individuelle (de la personne) : favoriser son autonomie, son bien-être (acquisition d'une image positive de soi, acquisition de compétences pour porter un regard critique et développer des stratégies),
- A l'échelle sociale, d'un groupe de personnes (association, quartier…) : développer sa capacité d'agir « avec » et d'« agir sur »,
- A une échelle politique, plus globale : modifier l'organisation jusqu'à une transformation de la société vers plus de justice sociale.
Le Bossé et Dufort ont traduit la notion d'empowerment par Pouvoir d'agir, puis l'ont complétée pour obtenir le Développement du pouvoir d'agir des personnes et des collectivités (DPA PC). Cette terminologie constitue une approche spécifique de l'empowerment.
Elle permet de souligner 4 éléments intrinsèques à la notion :
- La question du pouvoir : pour les auteurs, le terme « vise ici cette nécessité de réunir les ressources individuelles et collectives à l'accomplissement de l'action envisagée. » Le pouvoir est considéré comme une « ouverture des possibles ».« Ce type de pouvoir est un pouvoir sur les choses qu'il faut distinguer du pouvoir sur autrui ou du pouvoir sur soi.»1
- La place de l'action : pour accéder à ces ressources, il est nécessaire d'agir sur les obstacles d'ordre personnel mais aussi d'ordre structurel. On vise l'affranchissement (s'affranchir des obstacles) et non plus l'adaptation (aux obstacles). Le pouvoir d'agir ne doit pas se transformer en devoir d'agir. De plus, « ce pouvoir d'agir se distingue également du simple passage à l'action. Il ne s'agit pas simplement de devenir plus actif, comme si la passivité ou l'apathie constituait le problème à résoudre.
Qu'est-ce que le pouvoir d'agir ? A quoi peut-il servir ? [Page internet]. Lyon : Agir-ese.org, sd. En ligne : https://agir-ese.org/methode/quest-ce-que-le-pouvoir-dagir-quoi-peut-il-servir?region=ara
[...] On parle d’empowerment lorsque l’on crée les conditions d’acquisition d’un pouvoir en général. Une augmentation du montant des allocations familiales peut être considérée comme de l’empowerment, car elle permet d’augmenter le pouvoir d’achat des familles concernées. Si une entreprise délègue des responsabilités aux cadres intermédiaires, c’est aussi de l’empowerment. Mais on ne tient pas compte de la spécificité de chaque personne.
Avec le développement du pouvoir d’agir (DPA), il s’agit d’acquérir du pouvoir sur ce qui est important pour soi, ses proches ou la collectivité à laquelle on s’identifie.
Le pouvoir d'agir à la rescousse : entretien avec Yann le Bossé. Revue Projet 2018 ; 363 : pp. 68-73. En ligne : https://shs.cairn.info/revue-projet-2018-2-page-68?lang=fr
L’approche centrée sur le Développement du Pouvoir d’Agir des Personnes et des Collectivités (DPA-PC) s’enracine dans le processus d’empowerment. Tous deux visent à ce que les personnes et les collectivités – aussi nommés groupes et communautés – aient une plus grande maîtrise sur leur vie, leurs actions, leur environnement. Ils se distinguent toutefois, concernant le DPA-PC, par un objectif plus orienté sur la mise en mouvement que sur l’obtention d’un résultat.
Leleu Myriam, Defert Fabienne. Introduction. Le Développement du Pouvoir d’Agir des Personnes et des Collectivités, une pratique professionnelle innovante. Les politiques sociales 2022 ; 1-2 : pp. 8-14. En ligne : https://shs.cairn.info/revue-les-politiques-sociales-2022-1-page-8?lang=fr
~ DES ILLUSTRATIONS ~
Vous avez le pouvoir d'agir ! [Page internet]. Jassans-Riottier : Centre social Mosaïque, 2022. En ligne : https://centresocialmosaiques.fr/vous-avez-le-pouvoir-dagir
Chapitre 1. Pouvoir d'agir en contexte bénévole : éléments conceptuels et problématisation. In : Engagement bénévole et développement du pouvoir d'agir. Weber Guisan Saskia (eds). Genève : Editions Interroger l'éducation, 2018, pp. 25-108. En ligne : https://books.openedition.org/eie/980