~ DES DÉFINITIONS ~
« Qui sont les gens du voyage ? Nomades, gitans, voyageurs, itinérants, gens du voyage... sont autant de noms que donnent les non tsiganes - les gadgé - à des populations dont le voyage est la base de l'organisation sociale. Le terme générique "Tsigane" est généralement utilisé pour désigner l'ensemble des populations, toutes ethnies et tous statuts confondus, qui se reconnaissent d'un peuple originaire des Indes et dont la langue orale issue du sanskrit a été transformée au contact des civilisations et cultures rencontrées au cours de leur migration qui a démarré au Xe siècle. Cette terminologie ne renvoie pas à une catégorie homogène, mais à divers groupes ethnoculturels qui ne sont porteurs ni des mêmes réalités, ni des mêmes demandes. Ils se répartissent en 3 groupes principaux : les Manouches (ou Sinti), principalement présents en Allemagne, en Italie et en France depuis le XVe siècle, les Gitans (ou Kalé), surtout présents en Espagne et les Roms, plus traditionalistes, qu'on retrouve essentiellement en Europe de l'Est. Leurs parcours historiques et géographiques divergent, ainsi que leurs pratiques d’habitat (la majorité d’entre eux sont sédentaires). En France, ces personnes, pour l’immense majorité de nationalité française et dont le nombre est estimé à moins de 1% de la population nationale, font souvent l’objet d’une représentation erronée et chargée de préjugés : une population présumée étrangère, sans attache territoriale, dont le voyage est la caractéristique principale. Nommées « bohémiens », « romanichels », puis « nomades » ou « forains », elles ont finalement été assignées et amalgamées sous l’identité administrative « Gens du voyage » depuis les années 1970. Cette « communauté d’assignation » des gens du voyage connaît en fait des réalités très diverses (historiques, géographiques, politiques et culturelles). De même, elle est souvent confondue avec les Roms migrants d’Europe centrale et de l’Est. »
Centre social ressources Gens du voyage – Projet social 2017-2021. Strasbourg : Strasbourg Eurométropole, Direction des solidarités et de la santé ; Caf du Bas-Rhin, 2019, 67 p. En ligne : https://www.strasbourg.eu/documents/976405/1521450/0/76320e95-1e86-602a-8aa8-f6b135e5662d
« L'expression « Gens du voyage » a été introduite par deux décrets français des années 1972, qui se référaient à la loi de 1969 sur l'exercice des activités économiques ambulantes. Mais la spécificité des Gens du voyage va au-delà des seuls aspects économiques. Les Gens du voyage constituent une population à part entière, et, qui plus est, un public bien spécifique lorsque l’on s’interroge sur des actions de santé à mener en sa faveur. Cette spécificité se retrouve tant dans le fait qu’il s’agit d’une population mobile, que dans le fort poids culturel qui caractérise ce public. Dans son rapport de juillet 1990, le préfet Delamon définit ainsi les Gens du voyage : « les voyageurs qui vivent et se déplacent en habitat mobile ou susceptibles de l’être, pendant tout ou une partie de l’année, c’est-à-dire les nomades et sédentaires qui se réclament du voyage ». Le terme « Tsiganes » renvoie davantage à une approche sociologique et anthropologique. Il désigne l’ensemble des groupes venus de l’Inde et qui partagent une histoire et un socle culturel commun. Les auteurs et associations consultés pour la rédaction de ce guide utilisent l’un ou l’autre terme, pour désigner la même population. Nous avons pris le parti de faire de même. Les Tsiganes utilisent le terme de « gadjo » (au pluriel « gadjé », au féminin « gadji ») pour désigner ceux qui n’appartiennent pas à leur communauté. »
La santé des gens du voyage. Comprendre pour agir. Rennes : Réseau Français des Villes Santé de l’Organisation Mondiale de la Santé, 2009, p. 9. En ligne : https://fnasat.centredoc.fr/doc_num.php?explnum_id=230