Veille documentaire - Santé mentale

Depuis de nombreuses années, les ORS ont investi le champ de la santé mentale telle que définie par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) : les troubles mentaux ou psychiatriques, les troubles psychologiques ou souffrance psychique, le bien-être, l’estime de soi... Les travaux des ORS couvrent différentes populations (jeunes, adultes, travailleurs, personnes en situation de vulnérabilité...) et thématiques : morbidité, offre sanitaire, sociale et médico-sociale de prise en charge et d’accompagnement, recours aux soins et facteurs de risques, parcours de soins...,
traités selon deux types d’approches souvent menées en complémentarité. La première, quantitative : à partir des systèmes d’information ou de données recueillies par des enquêtes (initiées et déployées en région par les ORS ou issues de déclinaisons d’enquêtes nationales). La seconde permettant d’apporter des éléments qualitatifs issus d’entretiens individuels, collectifs, d’ateliers participatifs.

Partant de l’analyse de la littérature d’expertise et d’observations de réunions et de formations sur la prévention du suicide des âgés en France, cet article étudie la manière dont le suicide des personnes âgées, fait statistique ancien mais jusqu’alors invisibilisé, a été constitué comme problème public au cours des deux dernières décennies. Il montre tout d’abord comment la suicidologie a construit une lecture du suicide assise sur une démarche rétrospective – l’autopsie psychologique – qui implique la recherche de troubles ou de souffrances psychiques dans une optique de prévention et de soin. Le suicide s’y est vu durablement associé à un sous-diagnostic des troubles psychiques et en particulier de la dépression qui pourrait revêtir des formes spécifiques dans l’âge avancé. L’article explique ensuite comment le suicide des âgés se trouve aujourd’hui mis en exergue comme fléau sociétal tout en étant utilisé par certains experts pour défendre des positions institutionnelles.

Comment les soignants des services d’urgences psychiatriques, dont le travail consiste à apaiser les situations de crises puis à guider le patient vers des structures offrant les soins ou le soutien nécessaire(s) à celui-ci, déterminent-ils, au quotidien « ce qu’il convient de faire » ? Cet article s’attache, à partir d’observations de terrain effectuées dans un hôpital bruxellois, à comprendre quels types d’enjeux et de contraintes sous-tendent la pratique quotidienne des soignants et quels rapports les différents acteurs entretiennent entre eux. Il montre comment le quotidien des soignants aux urgences psychiatriques s’inscrit dans une tension entre l’incertitude inhérente au travail de soin, renforcée ici par le statut particulier que revêt la parole du patient, d’une part et, d’autre part, des attentes élevées et parfois discordantes de la part des patients, de leur entourage, des institutions de soins et des pouvoirs publics. Prises dans ces enjeux, il apparaît que l’enquête réalisée par les soignants et les décisions qui en découlent se fondent certes sur l’indication médicale, mais se doivent également de répondre à des exigences d’ordre pragmatique telles que la coopération avec le patient et la faisabilité pratique du soin.